Je suis un être humain avant d’être musulman. Cette phrase n’est pas un slogan, elle est un socle. Elle est née d’une expérience de vie où j’ai vu ce qui arrive lorsque l’on inverse cet ordre : la croyance devient un instrument, l’idée devient une arme, et l’humain disparaît derrière l’étiquette.
Mon parcours est celui d’un chercheur de sens. J’ai étudié les spiritualités, les idéologies, les systèmes de pensée, à la recherche de ce qui ne varie pas avec les passions humaines. Puis je me suis converti à l’islam. Cette conversion n’a pas été une fin, mais un approfondissement. Elle m’a aussi exposé à une autre forme de violence : la diabolisation. Être suspect par principe. Être réduit à une caricature. Être défini par ce que l’on n’est pas.
Dans ma vie personnelle, certains ont voulu m’imposer leur “-isme”. Leur manière d’être, de penser, de croire. J’ai refusé. Et ce refus a eu un prix. J’ai vu comment on tente de faire taire un être humain : en pervertissant sa foi, en déformant son travail, en le faisant passer pour ce qu’il combat par essence. Cette expérience m’a obligé à une rigueur absolue.
C’est ainsi que j’ai construit un paradigme fondamental, indépendant de toute croyance : nous sommes tous des alter ego égaux. Cette affirmation ne relève pas de l’opinion. Elle découle d’une règle logique simple : les propriétés d’un volume n’appartiennent qu’au volume, et deux volumes identiques possèdent des propriétés identiques. Tous les êtres humains sont des volumes humains dans l’univers. Ils diffèrent par leurs parcours, leurs croyances ou leurs cultures, mais non par la dignité fondamentale de ce qui les constitue.
À partir de là, nul ne peut se prétendre supérieur. Nul ne peut représenter autrui. Nul ne peut tuer au nom d’une idée. Aujourd’hui, avec L’Enquêteur Musulman, j’applique ce travail à mes frères de croyance : non pour les excuser, non pour les condamner, mais pour rappeler que l’islam, pris à son centre, interdit la violence idéologique et place la responsabilité individuelle au-dessus de toute appartenance.